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Gravel Affair #2 – Traka 360 : une ligne au bout de soi

Gravel Affair #2 – Traka 360 : une ligne au bout de soi Posted on 22 mai 2025

À 5h50, dans le noir complet, le départ est donné. Le peloton s’élance à la lumière des petites lampes dans une ambiance presque irréelle. La musique officielle de la Traka résonne encore dans mes oreilles, alors que je suis déjà concentré sur la première côte. Elle arrive dans quelques minutes et il faudra y être bien placé. Dans le sas élite, autour de moi, je reconnais les visages du gravel mondial : Lachlan Morton, Peter Stetina, De Marchi. Des coureurs venus du World Tour ou des chemins, tous prêts à en découdre sur l’un des formats les plus exigeants du calendrier gravel : la Traka 360.

Une histoire de progression

The Traka est devenu en quelques années seulement, l’événement emblématique du gravel Européen avec un nouveau record de 4500 inscrits en 2025. Durant toute la semaine, la ville est en ébullition et plonge dans l’ambiance gravel. Une atmosphère unique qui mélange culture cycliste, esprit d’aventure, compétition, chaleur humaine et style de vie catalan. Il y a deux ans, je participais au 100 km. L’année dernière, je découvrais le 200. Cette fois, c’est le grand bain : 360 kilomètres, 4700 mètres de dénivelé positif, à travers les collines, les plaines, les Gavarres, le jour, la nuit… L’idée de m’aligner sur cette distance trottait dans ma tête depuis un moment. En décembre dernier, c’est acté : ce sera le premier temps fort de ma saison 2025.

Dès lors, l’entraînement avec Léo, mon entraîneur chez Ibex outdoor s’est structuré autour de cet objectif, avec l’envie de bien faire. Pas de miracle, mais de la régularité. Et l’envie de prendre le départ avec le sentiment d’avoir fait le nécessaire — malgré les semaines chargées entre travail, vie perso et entraînements.

Gérone, quelques jours avant la bataille

J’arrive à Gérone trois jours avant le départ, avec Mathilde mon épouse qui me suivra durant la course, puis Simon de Ibex outdoor nous rejoint la veille pour assurer la couverture média de la course. Ce temps d’acclimatation me permet de plonger dans l’ambiance, de repérer une dernière fois certaines portions clés du parcours : notamment le massif des Gavarres, et cette montée inédite placée à 10 km de l’arrivée. L’organisation est bien rodée, le bike check obligatoire veille au bon fonctionnement des freins, lumières et transmissions. Je retire mon dossard : le 86. Inscription en catégorie élite. La pression monte doucement.

Confiance dans le matériel, et une stratégie claire


Je prends le départ avec un vélo dans lequel j’ai confiance : Scott Addict Gravel RC, groupe SRAM Red AXS XPLR 13 vitesses, braquet 42×10-46, roues Fulcrum Shark. Pas de changement de dernière minute. Pour moi, la clé sur une telle distance, c’est d’avoir du matériel fiable, que l’on connaît. J’emporte aussi de quoi parer aux imprévus : multitool, 2 chambres à air, un kit de mèches, 3 cartouches CO2, 1 batterie Sram de rechange. J’essaye d’optimiser le poids de mon matériel mais on ne part pas sur 360 km sans prévoir le pire.

Côté nutrition, l’objectif sur le papier est simple : 90/100 g de glucides/heure, sous forme de boissons et de gels, avec un plan bien ficelé autour des trois points d’assistance (km 135, 273, 315). J’ai une poche à eau de 2 litres dans le dos, deux bidons d’un litre, et je fais mes échanges au fil des CP. J’en profite pour utiliser les produits des dernières box Pédaleur et notamment ceux de notre édition limitée Ravito!

Place à la course

Malgré le réveil à 4h, je me sens bien. Prêt à en découdre. Le départ est rapide, comme prévu. J’arrive à me positionner dans les 20 premiers dès les premiers kilomètres. Une montée de 30′ environ, puis une descente rapide et piégeuse, la course est lancée : je suis dans le bon groupe, celui de tête. Nous roulons à très bonne allure jusqu’au CP1, atteint en 4h15 — 15 minutes plus vite que prévu.

C’est grisant. La nuit, la poussière, la file de coureurs qui s’étire derrière moi… J’ai l’impression d’être dans le bon rythme, de profiter de l’instant. Jusqu’ici, tout va bien.

Passage à vide

Passé le premier CP, les choses se corsent. La partie nord du parcours est plus montagneuse, plus lente, plus exigeante, ici on parle plus de cailloux que de gravier. Je suis obligé de lever le pied. Je vois les groupes me passer. Je suis quasi seul pendant près de 40 km. La course change de visage, on entre vraiment dans le dur. Nous arrivons dans le fameux passage « hike a bike », une montée terriblement abrupte de 500 mètres où une seule option est envisageable pour tous, celle de monter à pied.

Heureusement, je suis repris par un petit groupe avec qui je peux à nouveau avancer. Nous restons ensemble jusqu’au CP2, puis à nouveau, je me retrouve en solo, dans les difficiles Gavarres. La portion suivante très roulante, devient presque méditative. J’observe un net regain d’énergie et c’est mon tour de reprendre des coureurs qui explosent. Je sais que l’arrivée approche et le nombre de kilomètres affichés sur mon compteur me donne satisfaction. Je n’avais jamais autant pédaler sur une seule et même journée. Je m’accroche. À 15 km de la fin, un groupe de 7 me reprend. On file ensemble vers Gérone.

Une arrivée symbolique

12h48 de course. Je franchis la ligne avec le sentiment d’avoir tout donné, bien géré, et surtout d’avoir pris du plaisir. L’objectif est atteint. Et la cerise sur le gâteau : un Top 50 sur cette course devenue en quelques années la plus prestigieuse d’Europe — et sans doute la deuxième mondiale derrière l’Unbound.

Ce que je retiens

Plusieurs choses. Ma capacité à encaisser. À rebondir. Après une longue phase de creux entre le 140e et le 270e kilomètre, j’ai retrouvé de l’énergie sur la fin, contre toute attente. Le corps a répondu, et le mental aussi.

Je retiens aussi le niveau de cette édition : start-list élite, retransmission live, points bonifiés pour le Gravel Earth Series… La Traka 360 a clairement passé un cap. Le format séduit, attire. Et cette année encore, il a tenu ses promesses. Traka 360 transforme nos rêves en réalité. Ce n’est pas une simple phrase. C’est ce que j’ai ressenti.

Et maintenant ?

La saison continue. Prochaine étape de Gravel Affair : la Wish One Gravel Race à Millau, format plus court (135 km), mais très exigeant, qualificatif pour les Mondiaux. C’est sur cette épreuve que j’ai découvert le gravel racing il y a 3 ans déjà.

Et si vous tentiez, vous aussi ?

La Traka 360 n’est pas une promenade. C’est un vrai défi. Mais c’est un défi qui vaut la peine d’être vécu. Pour ce qu’il vous apprend sur vous, pour l’aventure qu’il propose.

Si vous hésitez, voici mes conseils :

  • Préparez-vous physiquement avec rigueur.
  • Choisissez un matériel fiable et connu.
  • Testez votre nutrition à l’avance.
  • Visualisez le parcours et votre stratégie.
  • Et surtout, arrivez reposé, avec l’envie d’en découdre.

Merci à tous ceux qui m’ont soutenu ou croisé sur la route. Merci à Mathilde et Simon pour le soutien durant cette TRÈS longue journée de course. On se retrouve très bientôt pour le troisième épisode de la série Gravel Affair.

Photos : Simon Tissier (Ibex outdoor) & The Traka


Benjamin est le fondateur de Pédaleur. À travers une série d’articles intitulée « Gravel Affair », il partage ses expériences, ses apprentissages techniques et les temps forts de sa saison de gravel.

Épisode #1 : La Santa Vall