Pour la 1ère fois se tiendront en 2022 des championnats du monde de Gravel sous l’égide de l’Union Cycliste Internationale. Dans la foulée de cette annonce, l’UCI a également lancé les Gravel World Series. Une sélection de 11 courses de gravel à travers le monde, offrant toutes des précieuses places qualificatives pour les championnats du monde. Une épreuve qualificative Française faisait partie du calendrier 2022. Il s’agissait de la Wish One Gravel Race à Millau qui s’est courue le 5 juin dernier. Attiré de longue date par cette discipline, Benjamin, fondateur de PÉDALEUR, s’est jeté sur l’occasion de participer à cette épreuve. L’occasion pour lui de participer à sa 1ère course de gravel. Il nous fait le récit de l’événement et nous raconte sa course.
1ère course gravel, quelle course !
Il faut bien une 1ère à tout ! Moi qui ai déjà eu l’occasion de pratiquer et de concourir sur de nombreuses épreuves et compétitions que ce soit sur routes, cyclosportives, courses de VTT, de cyclo-cross, différentes épreuves sur piste et même courses de fixes,… Prendre le départ d’une course de gravel est inédit pour moi ! Pas trop maladroit et plutôt endurant. Je dois avouer que l’envie était grandissante ces derniers temps de m’inscrire sur une course gravel et découvrir cette discipline.
L’opportunité de courir une épreuve labelisée UCI, qui plus est offrant l’opportunité de se qualifier pour les championnats du monde, a aiguisé encore plus mon enthousiasme. Ni une, ni deux, dossard réservé ! Après quelques échanges avec Baptiste de chez Scott, me voilà quelques jours avant l’épreuve au guidon d’un incroyable Scott Addict Gravel Tuned. Rouler sur une telle machine, quasiment ce qui se fait de mieux en gravel, n’a fait que renforcer ma motivation.
Alors que l’un des temps forts de la planète gravel se tient de l’autre côté de l’Océan avec l’Unbound Gravel, on se retrouve avec tous les autres concurrents de la Wish One Gravel Race à J-1 de la course en plein coeur de la jolie petite ville de Millau. Le temps va être de la partie. Les organisateurs ont installé le village départ dans le Parc de la Victoire. Nous, les coureurs, sommes tous convoqués la veille pour assister au briefing d’avant course. L’organisation est bien rodée pour le retrait des dossards. Il y a même un petit village avec quelques marques exposants (coucou Gravel Up).
Briefing d’avant course
À 19h c’est l’heure du briefing. Les organisateurs en profitent pour présenter les spécificités du parcours mais également pour rappeler les règles de sécurité et donner le kilométrage des zones de ravitaillement. Avec 135 kms au programme et plus de 2000 mètres de dénivelé, la course du lendemain s’annonce exigeante ! J’écoute attentivement le briefing donné à la fois en Français et en Anglais. L’épreuve, étant qualificative pour les mondiaux, attire énormément de coureurs étrangers. Quelques coureurs pros ou ex-pro du World Tour sont au départ. J’aperçois déjà Niki Terpstra, Geoffrey Soupe, Nicolas Roche, Alberto Losada, Dani Moreno. Quelques spécialistes de la discipline (Adam Blazevic, Piotr Havik, etc.) en plus de bons coureurs élites sont également annoncés. De quoi s’attendre à une course relevée le lendemain !
Le lendemain tout ce beau monde se retrouve à partir de 7h30 sur la ligne de départ. Les larges sourires sont un peu plus crispés à quelques minutes du départ. Les professionnels et membres du Team Wish One sont appelés en première ligne mais il n’y pas de SAS de catégories et tout le monde part ensemble. Pros et amateurs, hommes et femmes. Si bien que tout le monde veut bien se placer d’entrée.
Top départ de la Wish One Gravel Race Millau
Le coup de pistolet est donné à 8h pour un départ neutralisé le temps de sortir de la ville. L’excitation est à son comble et ça joue des coudes pour garder sa place dans peloton. Nous ne sommes que 220 coureurs au départ, mais il faut dire qu’il vaut mieux être bien placé. En effet le départ « officiel » est donné au pied de la Pouncho d’Agast. Une montée difficile de 7km sur une petite route goudronnée qui va se faire sur un rythme élevé mais qui aura le mérite de positionner chacun à sa place.
À fond dans la 1ère section gravel !
Au sommet, pas de descente et on attaque directement le premier secteur gravel. Après une bonne ascension, je me retrouve dans le second peloton d’une quinzaine de coureurs pour la 15ème place environ. Cette première partie sur un plateau est assez plane. Le terrain, un chemin sableux permet de prendre ses marques. Ça roule plutôt bien, la vitesse est élevée et il faut tout de même rester concentré pour ne pas commettre d’erreur dans un virage. Je comprends tout l’intérêt et les spécificités d’un vélo de gravel, notamment du cintre Syncros spécialement conçu pour le Gravel avec son flare à 16° offrant une super stabilité et une excellente prise en main. Cette première portion est un vrai régal. J’avais un peu d’appréhension mais je me libère progressivement, bien content d’arriver à tenir les roues du groupe.
Notre groupe de contre-attaque semble constitué quand nous quittons le 1er secteur chemin pour entamer une descente périlleuse sur les gorges de la Dourbles et le village pittoresque la Roque Saint Marguerite. Aussitôt arrivé en bas, le temps d’attraper un bidon au ravitaillement, qu’il faut immédiatement remonter sur le plateau du Larzac. C’est reparti pour 6km d’ascension sur une toute petite gravillonneuse mais goudronnée. La montée se fait au tempo et avec mon vélo d’à peine 8kg, je suis vraiment à l’aise. Au niveau de la transmission, le groupe Sram avec pédalier de 33×46 et cassette 10×36 me laisse un large choix de développements. Idéal pour ce type de parcours.
Course Gravel, une course d’endurance
Nous arrivons alors au 40ème kilomètre et entrons dans le camp militaire de la Cavalerie. Pour l’occasion les militaires ont accordé un droit de passage exceptionnel pour la course et nous pouvons emprunter leurs larges pistes, parfaites pour une course de Gravel. Avec le vent qui se lève sur un terrain complètement dégagé, l’allure accélère dans notre groupe et quelques bordures se forment. J’ai adoré ce passage mêlant passages techniques et stratégie de course pour accrocher la bonne roue. Quelques coureurs se font décramponés de notre groupe et nous, de notre côté, en profitons pour reprendre quelques coureurs qui ont craqué du groupe de tête.
Le second ravitaillement arrive au KM 70 à la sortie de la Cavalerie. Il commence à faire chaud et les jambes commencent à être entamées ! J’en profite pour bien me ravitailler avec les produits énergétiques Apurna reçus dans la dernière box PÉDALEUR (Gel XL 70g et barre énergie). Pas vraiment le temps de souffler que nous entrons dans un nouveau secteur gravel. Cette fois le terrain est plus technique avec des montées et des descentes, des passages entre des racines et du sous bois, notre groupe explose. Et je m’accroche tant bien que mal pour garder le contact. Nous ne sommes plus que 6 lorsque nous reprenons une longue partie sur des petites routes de campagne. Nous nous relayons et continuons d’avancer à un bon train vers l’arrivée.
Gravel = Crevaison ? 🙂
L’organisateur avait prévenu la veille d’une descente très technique, pleine de cailloux et dangereuse sur la fin de parcours. Malheureusement, je perce dans une ornière sur la fin de cette descente. Je suis contraint de laisser partir mes compagnons qui arriveront finalement pour la 9ème place. Je tente de réparer rapidement avec une bombe anti-crevaison. Après quelques minutes, forcé de constater que le produit n’agit pas, je dois me résoudre à sortir le pneu de la jante pour mettre une chambre à air. Le temps de regonfler je perds une bonne dizaine de minutes arrêté.
Pas découragé ni démotivé je repars seul en tentant de reprendre l’un des groupes qui venait de me dépasser. Bien décidé à tout donner jusqu’à l’arrivée. Mais seul dans le vent de face, je m’épuise au fil des kilomètres. Je sens que j’arrive en bout de course. Je suis même obligé de lever un peu le pied dans la dernière montée où quelques coureurs isolés me dépassent.
Pour rejoindre l’arrivée jugée sous l’impressionnant Viaduc de Millau, la trace emprunte un single le long du Tarn. De quoi retrouver un peu de fraicheur et reprendre de la vitesse. Finalement il faut encore escalader 2km sur la route pour accéder au circuit final. Celui-ci a été tracé en « mode cyclo-cross » avec du sable et des obstacles à franchir. De quoi jeter ses dernières forces dans la bataille.
Bilan de cette expérience gravel
Je termine finalement 27ème de la course en un peu plus de 5h. Ravi de cette expérience sur ma 1ère course de gravel. Le vainqueur du jour Nikki Terpstra remporte l’épreuve en 4h25. (On ne remporte pas Paris Roubaix et le Tour de Flandres par hasard).
J’ai adoré le tracé empruntant à 40% des chemins/pistes et 60% des petites routes tranquilles. Globalement les plus grosses ascensions se faisait sur routes goudronnées. Les passages gravel étaient variés majoritairement roulants sur de belles pistes ou larges chemins. Il y avait tout de même quelques passages un peu plus techniques avce des racines ou des pierres mais l’ensemble restait selon moi accessible. Peut-être que quelques singles en plus auraient été appréciés ? Finalement hormis sur la grosse descente empierrée, où j’ai crevé (Je ne suis pas le seul!) qui était selon moi au dessus des limites pour un vélo gravel, ce fut 100% plaisir sur le vélo.
Les organisateurs nous avaient fourni une trace GPS, mais le parcours était parfaitement balisé. De nombreux bénévoles étaient présents aux intersections. Avec un peu plus de 2200 mètres de dénivelés cumulés la course aura été exigeante pour tous. Et tous les coureurs se retrouvent à l’arrivée pour le repas local d’après course qui est d’ailleurs avalé en une bouchée.
Et puisque cette découverte fût un véritable coup de coeur et que j’ai eu l’excellente surprise d’obtenir mon ticket pour les championnats du monde Gravel. Il y a de fortes chances que vous retrouviez prochainement un nouvel article dédié au Gravel sur le blog PEDALEUR… 🙂
Mon vélo pour la course.
Merci à Scott France pour le prêt.
- Scott Addict Gravel Tuned
- Transmission Sram Red Axs avec pédalier 33×46 et cassettes 10×36
- Roues Dt Swiss GRC 1100
- Pneus Schwalbe G-ONE Race Evolution
- Cintre Syncros Creston iC SL X
Si ce vélo de gravel vous intéresse, nous avons écrit un article complet dédié à notre essai du Scott Addict Gravel Tuned.
Photo de couverture https://www.wherethecompassgo.com/